Almada fête son 20e festival

Face à Lisbonne, se déroule, du 4 au 18 juillet, le Festival international de théâtre d'Almada, le plus prestigieux du Portugal qui fête ses 20 ans.

Marina Da Silva in L’Humanité, 8 jul 2003

Pour cette vingtième édition, le défi consistait à garder son rang avec une amputation des budgets de près de 30% , conséquence de la gestion culturelle d’un gouvernement passé à droite et qui frappe durement l’ensemble de l’activité artistique. Avec deux spectacles de Benno Besson à l’affiche, le Cercle de craie caucasien et l’Amour des trois oranges, Pirandello, monté par Emmanuel Demarcy Mota, Combat de nègre et de chiens par Jacques Nichet, Tout est calme par la compagnie belge TG Stan ou encore les Aveugles ” du Canadien Denis Marleau, l’on peut considérer que l’exigence du brio des couleurs internationales a été dignement relevée. Le festival a également soutenu la résidence de création d’un jeune auteur français, Yan Allégret, qui présentera Rachel dans une version portugaise. Maître d’ouvre de la programmation, Joaquim Benite a du souffle et sait faire face aux difficultés: ” L’histoire du festival est faite d’inventivité, de volonté et de collaborations. Nous avons commencé avec des compagnies du théâtre amateur et avec le public de la ville qui n’avait aucune culture artistique. Un public ouvrier qui nous est resté fidèle, s’est élargi et diversifié. ” Aujourd’hui, près de vingt mille personnes parcourent la carte des tendres (ou pas !) propositions du festival. Un festival qui s’est forgé une identité et dont la relation de convivialité authentique entre public, artistes et organisateurs est la clé de la réussite. Chaque année, un plasticien travaille la ligne graphique du festival, un hommage est rendu à un acteur ou auteur, un prix décerné à un spectacle choisi par le public.

Pour les spectacles portugais, des compagnies de styles et de générations différentes, venues de l’ensemble du pays, déclinent la philosophie du festival qui est de croiser les sensibilités et les esthétiques. Au total 28 productions et 52 représentations, de nombreux colloques et rencontres, des ateliers. Un cycle sur la création angolaise vient mettre davantage en valeur le constant souci du festival de rendre compte de la pluralité de la culture lusophone, présente également avec une compagnie brésilienne. Enfin, cerise sur ce véritable programme gâteau des langues, les représentations étant données en version originale, une pièce tchèque née d’un désir de collaboration. Même si elles sont aujourd’hui de plus en plus surtitrées, ces pièces de toutes les langues et de toutes les cultures sont un des éléments de curiosité et de richesse qui lie le public au festival, stimule ses expériences et participe de l’ambiance joyeuse et ouverte qui singularise Almada. Le festival dans son architecture est aussi lieu de croisements : une école primaire transformée en agora pouvant recevoir quelque 800 spectateurs, deux théâtres municipaux, un gymnase et une demeure du XVIe siècle, plus particulièrement destinée à accueillir colloques et journées d’étude. Véritable poumon du festival, Almada n’a cependant pas hésité à se déployer vers la capitale. En exportant quelques-uns des spectacles vers le teatro de Trindade, Maria Matos et surtout le centre culturel de Belem, elle lui donne une visibilité flamboyante qui est loin d’être usurpée.

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